Originaire de Bohême et fils d’ingénieur, Moritz Stifter est le neveu de l’écrivain et peintre Adalbert Stifter (1805–1868). Après une formation militaire qu’il abandonne rapidement, il choisit de se consacrer à l’art. En 1882, il est admis à l’Académie royale des beaux-arts de Munich, où il rejoint la classe d’Antique et suit l’enseignement de Carl Theodor von Piloty, maître de l’académisme allemand. Cette formation lui transmet une solide maîtrise technique, notamment dans le traitement des clairs-obscurs hérités de la tradition italienne.
L’artiste oriente très tôt sa production vers des scènes de genre et des portraits féminins, souvent présentés dans des costumes Renaissance ou dans un imaginaire oriental. Ce goût pour l’exotisme et le passé idéalisé répond aux attentes des cercles bourgeois de Munich et de Vienne à la fin du XIXᵉ siècle, friands d’images décoratives et séduisantes. Contrairement à certains de ses contemporains spécialisés dans un orientalisme documentaire, Stifter développe un langage plus libre, attaché à l’évocation et à l’esthétique plutôt qu’à la fidélité ethnographique.
Ses intérieurs raffinés, ses compositions à mi-chemin entre allégorie et fantaisie, traduisent l’attrait d’une société en quête d’élégance et de nostalgie aristocratique. En 1899, il installe son atelier à Haag bei Neulengbach, en Basse-Autriche, où il poursuit son activité jusqu’à sa mort en 1905.
Stifter laisse une œuvre caractéristique de la fin-de-siècle viennoise, marquée par le goût historiciste et une fascination pour l’exotisme, où la femme devient à la fois sujet, ornement et symbole d’un idéal esthétisé.