Pierre Albert Roberti
( 1811-1864 )
Biographie
Figure de l’histoire de l’art belge aujourd’hui quelque peu méconnue, Albert Roberti était un artiste fort réputé de son temps, aussi bien pour ses œuvres, présentées dans les Salons des Beaux- arts en France comme en Belgique, que pour son enseignement artistique à l’Académie des Beaux- Arts de Bruxelles.
Né à Bruxelles, l’artiste s’est formé auprès de l’incontournable peintre de la capitale belge François-Joseph Navez (1787-1869). Ce dernier avait reçu les leçons de peinture de Jacques-Louis David à Paris puis au cours de son exil bruxellois. François-Joseph Navez,
qui dirige l’académie des Beaux-Arts de Bruxelles de 1835 jusqu’en 1854, est responsable de la formation de la majorité des grands artistes belges du XIXe siècle. Les liens de longue date entretenus entre François-Joseph Navez et la mère de notre artiste, Marie Thérèse Roberti (1787-?), semblent avoir favorisé l’apprentissage d’Albert dans son atelier privé. Un portrait de cette dernière peint par François-Joseph Navez datant de 1831 est conservé au musée des Beaux-Arts de Charleroi. Albert Roberti suit également l’enseignement dispensé à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles de 1834 à 18361.
Notre peintre comprend rapidement l’importance de présenter ses œuvres au public et expose au Salon des Beaux-Arts de Bruxelles dès 1833. Au début de sa carrière, Albert Roberti obtient de conserver le patronyme de sa mère, par arrêté royal (n°473) du 13 août 1835, plutôt que celui de son père Guillaume Suykens, retraçant ingénieusement une filiation artistique avec le peintre italien du Quattrocento Ercole de Roberti.
Albert Roberti conserve un dévouement indéfectible à son maître. C’est d’ailleurs à travers la postérité de François-Joseph Navez que l’on peut reconstituer les années d’apprentissage du jeune peintre. Leur correspondance témoigne des conseils professés à son encontre au cours d’un séjour en Italie, long de plus d’un an, qu’il entreprend en juin 1837, en compagnie des peintres belges Jean Baptiste Van Eycken et Jules Stroms. Albert Roberti visite, entre autres, Gênes, Plaisance, Parme, Florence, Naples. Il copie dans les musées les tableaux de Corrège et d’Annibal Carrache. Il admire Raphaël, Michel-Ange, Andrea del Sarto, Titien, Fra Bartolomeo. A Rome, Albert Roberti rencontre, par l’intermédiaire de François-Joseph Navez, l’actuel directeur de l’académie de France, Jean-Auguste-Dominique Ingres. Son voyage en Italie est une étape importante avant de s’installer pour dix ans à Paris.
La période parisienne d’Albert Roberti, entrecoupée de séjours dans sa ville natale, est intense. A partir de 1838, il expose conjointement au Salon des Beaux-Arts de Paris et au Salon de Bruxelles. Il est également présent au Salon de Lyon en 1840. Les envois d’Albert Roberti aux différents Salons, en Belgique et en France, sont des sujets historiques, des scènes tirées de l’histoire religieuse et des portraits. Ses tableaux sont appréciés par ses pairs. Il reçoit deux médailles d’or au Salon de Paris de 1843 et de 1846, et une médaille d’honneur de la société royale des beaux-arts et de littérature de Belgique en hommage à sa participation à l’exposition de Gand en 1844. Les critiques d’art s’accordent pour louer la qualité du dessin de ses compositions, la finesse des coloris employés et l’élégance des lignes.
Si Albert Roberti soutien le mouvement philhellène en présentant le portrait du ministre plénipotentiaire envoyé extraordinaire de S. M. le roi des Grecs près du roi des Français au Salon, sa production artistique reste fidèle à la tradition néoclassique, tournée vers la représentation des hauts faits du Moyen Âge.
93400 Saint-Ouen sur Seine