Charles Revel

Charles Revel est un artiste accompli dont la récente découverte de la carrière mérite d’être portée à la connaissance des amateurs d’art. De père belge, il naît le 18 juin 1829 à Lyon et embrasse tardivement une carrière artistique. Avant son entrée à l’Ecole Nationale des Beaux-Arts de Lyon, Charles Revel est tisseur dans cette même ville. A trente ans et jeune marié, il est admis, le 19 janvier 1859, dans la classe dispensée par le célèbre peintre et lithographe Claude Bonnefond pour l’étude de la figure humaine. La précision portée par Charles Revel à l’anatomie des figures provient de ces années d’apprentissage auprès du maître réputé de l’Ecole lyonnaise.

Le jeune artiste expose pour la première fois au Salon de 1858-1859 organisé par la Société des Amis des Arts de sa ville natale. En 1860, il remporte « la première mention », à un concours de l’Ecole Impériale des Beaux-Arts de Lyon, pour une composition d’un groupe de deux figures, d’après modèle vivant, représentant la Mort d’Abel. A cette époque, il vit et travaille à Lyon, où il continue d’exposer ses oeuvres durant trois années consécutives (en 1860, 1861 et 1862). Pour sa dernière participation lyonnaise en 1879, il envoie au salon deux toiles depuis sa résidence parisienne. En effet, Charles Revel tente de percer de manière concomitante sur la scène artistique parisienne, avant de s’y installer définitivement après le décès de sa première épouse Thérèse Philippine Roux (Lyon, 1832 - Lyon, 1878). Charles Revel est l’un des exposants du célèbre Salon des refusés de 1863. Ses toiles, ses portraits peints et dessinés sont accrochés aux cimaises du Salon des Beaux-Arts de Paris, presque vingt années durant, de 1864 à 1878.

Il y présente également des cartons de vitraux pour l’église primatiale de Toul en 1866 et pour l’église Notre-Dame de France à Londres en 1868. Les recherches menées pour reconstituer sa vie, ont permis de mettre à jour son activité de cartonnier et de peintre verrier ainsi que sa collaboration avec la fabrique de vitraux peints Bazin-Latteux - deuxième atelier le plus important de France spécialisé dans les vitraux d’église - à Le Mesnil Saint Firmin dans l’Oise. Son savoir-faire est primé puisque le vitrail représentant Jeanne d’arc se rendant auprès de Charles VII à Chinon, que Charles Revel peint d’après le carton du frère Athanase Grellet, pour l’entreprise de Stéphane Bazin, fait partie des oeuvres présentées au cours du premier Salon consacré aux Arts Décoratifs à Paris en 1882.

Charles Revel développe un goût singulier pour les mises en scène violentes. On connait de lui sa description de la mort de l’Avare sur ses trésors inutiles, présentée au Salon des Beaux-Arts de Paris en 1875. Les traits émaciés de l’homme suffoquant ne sont pas sans rappeler le cri d’effroi de la France faisant pâlir ses citoyens. Notre peintre se présente en maître absolu du ressort profond de l’angoisse.