Gouache et encre sur papier, signé Labisse en bas à droite et titré au dos La Guivre Guénégote
Cette œuvre présente un hybride anthropomorphique, mi-femme mi-lézard, un thème récurrent dans l'art surréaliste. Elle explore l'idée de la transformation, de la dualité entre l'humain et l'animal, et l'étrange fascination pour le fantastique. La femme-lézard semble incarner une tension entre la beauté et l'étrangeté, voire une certaine menace. L'accent mis sur le corps féminin, notamment la poitrine, évoque l'érotisme qui imprègne souvent l'œuvre de Labisse. L’utilisation d’un fond géométrique (le bandeau vert en diagonale) contraste avec l’aspect organique et détaillé du lézard, suggérant une juxtaposition entre la nature et l’artifice.
Les yeux de la figure humaine sont particulièrement expressifs et fixent directement le spectateur, ce qui peut susciter à la fois fascination et malaise. Lire la suite
La palette est volontairement réduite : le vert vif du fond attire immédiatement le regard, tandis que les détails noirs et blancs du lézard et de la femme captivent par leur minutie. Cette sobriété met en valeur la complexité des textures. Les motifs fins et répétitifs (les écailles du lézard) montrent un grand souci du détail et une maîtrise de la ligne. Cela témoigne d'une influence du dessin naturaliste, mais détournée ici vers le fantastique.
Cette femme-lézard pourrait symboliser la fascination pour le mystère et l'inconnu. Elle évoque également la puissance et l’ambiguïté des figures féminines dans la mythologie et l’art (par exemple, les sirènes ou les sphinx). L'œuvre invite le spectateur à plonger dans un univers où les frontières entre le réel et l’imaginaire sont floues, rappelant que la perception du beau et du bizarre est subjective.
Le terme "guivre" vient du vieux français et désigne une créature fantastique, souvent une sorte de dragon ou de serpent ailé. Dans la mythologie médiévale européenne, la guivre est un être reptilien qui symbolise à la fois le danger et la fascination.
Les guivres sont parfois décrites comme des figures féminisées, mêlant l’animalité au charme. Dans le cadre de cette œuvre, cela résonne avec la figure hybride mi-femme, mi-lézard.
Labisse semble jouer sur cette créature mythique pour évoquer des thèmes de transformation, d’ambiguïté, ou encore d’attraction et de répulsion.