Armand Cambon

Le sujet de notre tableau est tiré du livre 3 des Métamorphoses des dieux écrit par le poète romain Ovide (Ier siècle après notre ère). Il met en scène la déesse des forêts, Diane entourée des nymphes, venues se délasser dans un bain après la chasse. Dénudée et vulnérable, elle est surprise par le chasseur Actéon. De colère, elle transforme le mortel en un cerf, livré à la voracité de ses propres chiens. L’instant représenté montre le courroux de Diane, figure lumineuse et élancée se détachant sur l’ombre d’une cavité rocheuse à l’arrière-plan. Elle cache sa nudité d’un drap rouge représentatif de sa colère, tandis que les nymphes au bain fuient la scène. Diane est entourée de deux nymphes dont les études anatomiques sont admirablement réalisées. Dans un état d’abandon, la nymphe vue de dos et celle endormie plongent le spectateur dans un silence contemplatif. Elles rappellent le dessin parfait et la beauté idéale des odalisques ingresques (La Baigneuse de Valpinçon ; La source). La liberté de la touche d’Armand Cambon transparaît dans les effets de matière utilisés pour rendre les chairs souples, les étoffes imprégnées de lumière et le sous-bois ombragé presque esquissé. 

Une étude préparatoire, conservée au musée Ingres-Bourdelle de Montauban, correspond à notre composition. Elle confirme par une inscription au dos l’existence d’une version de Diane et Actéon exposée au Salon de 1861. Il est très probable que notre tableau soit celui exposé en premier lieu au Salon des Beaux-arts en 1861 à Paris (n° 504). L’inscription manuscrite au dos de l’étude indique que le propriétaire actuel de l’original du tableau de Diane au bain , exposé au Salon de 1861, est le vice-consul du Brésil à Lille. Nos 6 recherches ont permis d’identifier M. Louis Bayart, premier vice-consul du Brésil à Lille, nommé le 28 juin 1877. Cette mention ne peut pas avoir été portée au dos de l’esquisse avant la nomination 7de M. Bayart à ce poste nouvellement créé. De plus, elle concorde avec la date d’exposition attestée de notre tableau dans la section française de l’Exposition universelle de 1878 (n° 163). Cela nous amène à conclure qu’il n’existe qu’une seule version de Diane surprise au bain par Actéon, et qu’il s’agit de notre tableau.

Armand Cambon présente notre tableau à l’Exposition universelle de 1878 comme le prouve l’étiquette collée sur le châssis en bois portant le numéro 163, qui correspond à son entrée dans le catalogue de la section française des Beaux-arts. L’astérisque devant le titre de l’oeuvre indique aux visiteurs qu’elle appartient à son auteur et qu’elle est de ce fait disponible à la vente. 

De nombreuses études ont salué le rôle d’Armand Cambon comme fondateur et conservateur du musée Ingres de Montauban. Notre tableau constitue une occasion unique de redécouvrir son travail pictural et d’apprécier pleinement l’étendu de son talent.