Huile sur toile signée en bas à gauche
Dans cette oeuvre, Albert Lugardon déploie tout son talent de peintre naturaliste et paysagiste. La composition, d’une grande sobriété, met en scène un groupe de vaches au bord d’une étendue d’eau, sous un ciel limpide dominé par la lumière du matin. L’artiste adopte une vision à hauteur d’homme, privilégiant la proximité et la vérité de la scène plutôt que la grandiloquence du paysage.Lire la suite
La clarté du ciel, les teintes dorées de l’herbe et les nuances rousses des bêtes s’équilibrent dans une harmonie calme et mesurée. Rien n’est anecdotique : chaque élément — la pose du berger, la vache couchée, la ligne des montagnes au loin — participe à une construction rigoureuse et silencieuse. Lugardon, formé auprès d’Ary Scheffer et marqué par la tradition genevoise de Calame, conjugue ici la rigueur du dessin académique à une observation directe de la nature.
Le traitement minutieux de la lumière, qui caresse la robe des animaux et s’étend jusqu’à l’horizon brumeux, traduit cette sensibilité à la fois scientifique et poétique propre aux peintres suisses du XIXᵉ siècle. Loin de toute théâtralité, l’œuvre atteint une vérité tranquille : celle d’un moment suspendu où la nature et le travail humain coexistent dans une même respiration.
Cette peinture, par son équilibre entre réalisme et contemplation, s’inscrit dans la lignée des maîtres du paysage alpin et pastoral — à la croisée de l’école genevoise et du naturalisme européen.