Huile sur toile
D’un genre nouveau, cette grande composition date de la période la plus appréciée et recherchée dans l’œuvre de l’artiste, avant son installation définitive aux Etats-Unis en 1916. Elle témoigne par l’histoire de sa présentation au public, de la notoriété de Caro-Delvaille en France et à l’étranger, et donne à voir par son sujet la société bourgeoise de son temps. Si la toile repose sur la représentation collective et mondaine de la « conversation piece », dans laquelle chaque individu est portraituré comme surpris en pleine action, elle répond également à l’attente de la critique d’art en faveur d’une peinture de l’intime et du familier.Lire la suite
Caro-Delvaille choisit le format et les proportions de la peinture d’histoire pour cette scène de genre. Il confère ainsi une importance majeure à la représentation et à ses acteurs dans un environnement qui rappelle l’univers théâtral. La précision de certains rendus est magnifiée par une touche ample et visible par endroits qui rappelle celle épaisse d’Édouard Manet et plus évanescente d’Auguste Renoir.
Sur une terrasse surélevée de quelques marches, à l’extérieur d’une bâtisse rose ouvrant sur de larges ouvertures, seize personnages sont regroupés, absorbés par leurs occupations. La longue table dressée qui rajoute à l’horizontalité de la composition mets à disposition des convives un encas sucré accompagné de rafraichissements. A droite, un généreuse corbeille de fruits voisine des bouteilles de champagne. Un gâteau entamé a contenté l’appétit de certains.
Tous les âges de la vie sont réunis dans cette grande composition aux dimensions d’une frise décorative. Une jeune mère se penche vers le nouveau-né qu’elle porte dans ses bras, rejointe par une fillette de l’autre côté de la table. A gauche, des hommes d’âges murs discutent. Le bruissement des conversations comme l’image de la maternité méditative participent à l’atmosphère harmonieuse de l’ensemble.
Léon Bourgeois, « Salon de la Société Nationale », L’Art et les artistes, avril-septembre 1908, T. VII, p. 71
Raymond Bouyer, « Les Salons de 1908. Peinture », Revue de l’art ancien et moderne, 10 janvier 1908, 12e année, vol. 23, T. XXIII, n°130, p. 376.
Henri Chervet, « Le Salon de la Société Nationale », La Nouvelle Revue, mai-juin 1908, 3e série, 29e année, T. 3, p. 276.
Max Doumic, « Les Salons de 1908 », Le Correspondant : revue mensuelle : religion, philosophie, politique…, 10 avril 1908, 80e année, p. 1002.
Pierre Hirsch, « Les Arts : A Paris la Société Nationale des Beaux-Arts », La Société Nouvelle : revue internationale, sociologie, arts, sciences, lettres, avril 1908, 13e année, T. IV, p. 232.
Camille Le Senne, « La Musique et le Théâtre aux Salons du Grand Palais », Le Menestrel, journal de musique, samedi 25 avril 1908, 74e année, n°17, p. 132.
1908, Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts
Après 1908 et jusqu’aux années 1920 environ, le tableau est installé sur le mur de la salle à manger de l’hôtel Westminster au 13 rue de la Paix, à Paris