Huile sur toile signée et datée "Caminade 1817" en bas à droite
Notre tableau réalise la synthèse des qualités de la peinture d’Alexandre-François Caminade. Il reflète particulièrement bien sa maîtrise du portrait et son intégration dans le paysage coïncide avec ses incursions encore méconnues dans ce genre (Villa musée Montebello, Trouville-sur-Mer).
La réussite éclatante du Portrait d’Aglaé Charlotte Julienne Lefèbvre de Laboulaye réside dans le sentiment d’intimité qu’il éveille entre le modèle et son spectateur. Resté dans la famille du modèle, cet ambitieux portrait représente, à l’âge de vingt-six ans,
Aglaé Charlotte Julienne Lefèbvre de Laboulaye. Fille de Charles-Julien Martinon
Assise sur un rocher recouvert de mousse, Aglaé Charlotte Julienne Lefèbvre de Laboulaye est représentée au milieu d'une nature hospitalière pour complimenter la personnalité de son modèle, le peintre a choisi des fleurs des champs apparaissant au printemps. Au premier plan prospèrent marguerites jaunes et pâquerettes, symboles de l’attachement
tandis qu’à ses pieds, une touffe de violettes rend hommage à l’humilité de la jeune femme et à la profondeur de ses sentiments. Une lueur printanière baigne la scène. Le bruissement des arbres transparait à travers l’ombre des feuillages sur le tronc du chêne remplaçant habilement la colonne antique des portraits d’apparat. Le tableau s’ouvre sur un cours d’eau qui semble séparer, pour un temps, la jeune femme
de son environnement le plus proche, un village signalé au loin par le clocher d’une église. Il est question pour Alexandre-François Caminade d’offrir un portrait idéalisé de la jeune parisienne fortunée rappelant par sa formule comme par l’habillement le portrait de l’Impératrice Joséphine
peint par Pierre Paul Prud’hon (1805). Le peintre s’inspire du modèle assis dans un cadre vertical, libérant l’espace pour la peinture du paysage. Aglaé Charlotte Julienne Lefèbvre de Laboulaye porte elle aussi une robe décolletée de soie blanche rehaussée d’un châle rouge à motif de cachemire. Servant à masquer les épaules dénudées, le châle en cachemire est un accessoire luxueux indispensable à toutes femmes de l’élite parisienne. Alexandre-François Caminade s’attache à peindre les nuances chromatiques des étoffes blanches (ruban et robe de soie, dentelles et gants de peaux), comme des bijoux (boucles d’oreilles en perles baroques et diadème d’or blanc) se détachant sur la peau de la jeune femme. La finesse d’expression du visage d’Aglaé Charlotte Julienne Lefèbvre de Laboulaye ainsi que le soin apporté aux accessoires sont emblématiques des portraits peints par Alexandre François Caminade.
Resté jusqu’à aujourd’hui dans la descendance du modèle